La vulnérabilité n’est pas une faiblesse, mais une preuve de courage. Après un gros passage à vide dans le cadre de mon défi et deux rêves éclairants, j’ai décidé de transmuter mes doutes et mon découragement en action, en reprenant mon clavier. Oser accueillir ma vulnérabilité en me remettre en mouvement, même si je ne suis pas encore sûre d’avoir trouvé les bonnes chaussures, ni le bon chemin. Avancer est plus important.

Aujourd’hui, je vais donc tenter de montrer comment ce qu’on nous apprit sur la vulnérabilité et la volonté nous enferme dans un mode survie, qui nous pousse à rester dans nos vieux schémas. Et surtout comment la vulnérabilité est en réalité une porte pour retrouver une vie pleine de sens et de croissance. Auras-tu, toi aussi assez de courage pour l’ouvrir ?

La vulnérabilité présentée comme une faiblesse

Pour beaucoup de personnes, la vulnérabilité est considérée comme un état de faiblesse. Une sensibilité ou forme d’exposition à des risques ou des préjudices. Elle est souvent associée à différents facteurs et stéréotypes, tels que l’âge, le sexe, la situation socio-économique, la santé, la race, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap ou d’autres circonstances personnelles. Un bébé, une femme, un vieux, un pauvre sont considérés pour le commun des mortels comme des personnes vulnérables.

La vulnérabilité est parfois présentée comme un état temporaire comme lorsqu’une personne est en convalescence après une maladie ou un accident par exemple, ou plus durable, comme dans le cas d’une personne âgée vivant seule avec des ressources financières limitées. Dans les deux cas, la vulnérabilité vue de cette façon souligne l’importance de prendre en compte les besoins spécifiques des personnes pour assurer leur protection et leur bien-être.

Alors si je suis d’accord pour dire qu’une femme, un enfant, une personne âgée ou accidentée a effectivement des besoins différents d’un grand gaillard en pleine force de l’âge, je ne le suis plus du tout pour faire le raccourci qui consiste à conclure que ces personnes « vulnérables » sont faibles.

Car à côté de ces besoins, il y a aussi des talents, une sensibilité et des qualités qui peuvent être vus comme de véritables forces, que Mr Muscle, Mr le Maître ou Mr le Directeur n’utilise pas, n’a pas développées ou n’investit pas de la même façon. Alors pourquoi est-il si courant d’associer la vulnérabilité à la faiblesse ?

« Sois-fort ! » « Quand on veut, on peut »

Tu connais les drivers de l’Analyse transactionnelle ? Ce sont ces messages, gravés dans notre inconscient au cours de notre éducation, qui nous poussent à nous conduire d’une certaine façon.

Ils proviennent des injonctions qu’ont répétées nos parents ou éducateurs pendant notre enfance auxquelles nous avons dû nous soumettre pour obtenir ce dont nous avions le plus besoin à l’époque pour survivre : leur amour et leur reconnaissance.

Ils nous condamnent à éviter à tout prix la vulnérabilité, et encouragent bien malgré nous la dévalorisation, la comparaison et une forme de pression constante.

Les 5 drivers et leurs effets

Sois parfait 

+ travailleur, capable de produire un énorme travail d’excellente qualité

– perfectionniste, exigeant, crains le jugement, manque de contrôle

Sois fort 

+ capable de gérer des situations de crise, de résister à la pression

– indépendant et exigeant, évite de montrer ses émotions et ne sait pas demander de l’aide (ce serait un aveu de faiblesse) ; peut se montrer intolérant, arrogant et irrespectueux des personnes qu’il considère inférieur à lui ;

Fais plaisir 

+ altruiste, empathique et de bonne compagnie

– tendance à la victimisation, recherche constamment l’approbation, ne sait pas dire non

Dépêche-toi 

+ rapide et réactif, capable d’honorer des délais très courts

– sous pression constante, agité et impatient ; s’ennuie facilement, privilégie la quantité plutôt que la qualité, surestime ses capacités ; peut avoir tendance à bâcler son travail ;

Fais des efforts 

+ donne le meilleur de lui-même, patient et persévérant, prêt à aider les autres ;

– tendance à tout compliquer, à penser que toute tache doit être pénible et que ceux qui ne partagent pas son point de vue sont paresseux ; insatisfait, craint le jugement ;

Ces drivers déterminent nos comportements et nos attentes vis-à-vis des autres. Comme tout en ce monde, ils ont des avantages et des inconvénients qu’il convient de reconnaître pour ne garder que ce qui nous convient en fonction des situations.

La volonté nous maintient dans un mode survie

Te sens-tu parfois découragé ? Impuissant, prisonnier du regard des autres, insatisfait de tes relations, de la vie que tu mènes, de l’avancement de tes projets, malgré tous les efforts que tu fournis au quotidien ?

Ça nous arrive à tous et c’est une très bonne nouvelle. Car quand on en arrive à ce constat-là, comme dans mon cas, avec mon gros coup de fatigue et mes derniers rêves, on s’offre le plus beau cadeau qui soit : celui de changer, de regard, de stratégie, de mode de fonctionnement.

Sortir du mode survie : celui qui nous a permis d’arriver sains et saufs jusqu’ici, mais est devenu inefficace, stérile et menaçant. Lâcher ces mémoires inconscientes qui conduisent nos vies de manière automatique avec des règles et des programmes complètement obsolètes et incompatibles avec notre vécu actuel et notre vision du futur.

Arrêter de miser sur la volonté, la logique et le savoir et pour résoudre nos difficultés.

Réapprendre à vivre au présent, s’offrir le cadeau d’accueillir et d’oser la vulnérabilité, l’inconnu et le changement. Dire simplement oui à la vie, au mouvement, à la rencontre, au différend et à l’évolution.

Reconsidérer la vulnérabilité comme une émotion

Dans Comme les chevaux, ensembles et puissants, Linda Kohanov intègre la vulnérabilité dans le registre des émotions. J’ai appris grâce à ses ouvrages et ma propre expérience de l’équicoaching, que l’on confond très souvent la peur et la vulnérabilité.

C’est parfaitement normal, car en surface, elles se ressemblent et se manifestent de la même façon, avec des nuances en fonction des personnes : inconfort, agitation, nervosité, pression dans la poitrine, palpitations, nœud dans la gorge, sudation, nausées, blocages, impulsivité, problème de concentration, irritabilité, repli sur soi, rumination, envie de partir ou de tout lâcher…

Si les manifestations de la vulnérabilité et de la peur se ressemblent, elles ont une différence fondamentale qu’il est important de connaître :

  • la vulnérabilité correspond à un danger intérieur : c’est l’image de soi, les vieilles habitudes et croyances qui se sentent menacées)
  • la peur nous permet de gérer les menaces extérieures : c’est notre système d’alarme instinctif qui nous informe et nous permet de réagir efficacement à une menace qui provient de notre environnement.

« La vulnérabilité se développe lorsqu’une vieille stratégie de défense, un schéma de comportement ou une vision du monde se voit remis en cause, ou encore qu’une partie refoulée de l’égo est mise à jour. Les gens dont le seuil de vulnérabilité est peu élevé ont tendance à se fabriquer une identité rigide basée sur des méthodes, des diplômes ou des normes familiales ou sociétales. Cette fausse idée de soi (ou “personnalité conditionnée”) n’est en tout et pour tout qu’une collection d’habitudes empêchant de faire preuve de créativité et d’imaginer de nouvelles façons de réagir au changement ou à des informations inattendues »

Linda Kohanov, Comme les chevaux ensemble et puissants

La vulnérabilité est ici considérée comme une émotion indispensable au changement. Pour tous ceux qui considèrent que nous sommes sur Terre pour évoluer, nous transformer, affiner nos perceptions, ouvrir nos cœurs, nous libérer de nos peurs et jugements pour permettre à notre être de s’exprimer et oser créer librement, la vulnérabilité représente un pas sage obligatoire. Une étape peu confortable, mais cruciale pour laisser fondre nos vieilles peurs et habitudes de penser et réagir pour enfin changer de paradigme.

Le message de la vulnérabilité

Toujours selon Linda Kohanov, quand nous sommes face à la vulnérabilité, c’est que quelque chose d’important est sur le point de changer ou d’être révélé. Voici les questions à se poser afin de réagir en conscience à cette situation qui peut nous apparaître menaçante et très inconfortable :

  • Quelle croyance, attitude, perception, confortable habitude risquent d’être remises en cause ?
  • En quoi ma vie changerait elle si j’acceptais ce qui m’arrive, si j’osais accueillir et traverser cette vulnérabilité ?

Oser la vulnérabilité et devenir coeurageux

Brené Brown, professeur américaine de l’Université de Houston, conférencière et auteure à succès a consacré 20 années de recherches à la honte, la vulnérabilité et le leadership. Elle enseigne le pouvoir de la vulnérabilité et comment choisir le courage plutôt que le confort dans une culture caractérisée par le manque, la peur et l’incertitude. Une conférence est à voir ici pour les abonnés Netflix.

Je te laisse avec 5 magnifiques citations qui caractérisent son travail sur le courage de s’exposer et personnellement me parlent beaucoup.

« Quel est le plus grand risque ? Laisser tomber ce que les gens pensent — ou laisser tomber ce que je ressens, ce que je crois et qui je suis ? »

« Je veux être dans l’arène. Je veux être courageux dans ma vie. Et quand on fait le choix d’oser à fond, on s’inscrit pour se faire botter le cul. Nous pouvons choisir le courage ou le confort, mais nous ne pouvons pas avoir les deux. Pas en même temps. »

« Le courage est un mot du cœur. La racine du mot courage est cor—le mot latin pour cœur. Dans l’une de ses premières formes, le mot courage signifiait “Exprimer sa pensée en exprimant tout son cœur”. Au fil du temps, cette définition a changé et aujourd’hui, nous associons généralement le courage aux actes héroïques et courageux. Mais à mon avis, cette définition ne reconnaît pas la force intérieure et le niveau d’engagement requis pour parler honnêtement et ouvertement de qui nous sommes et de nos expériences, bonnes et mauvaises. Parler du fond du cœur est ce que je considère comme un courage ordinaire.

« L’authenticité est la pratique quotidienne consistant à abandonner ce que nous pensons être censés être et à embrasser qui nous sommes. »

« Le courage commence par se montrer et se laisser voir ».

Brené Brown

Voilà, j’espère que cet article t’aura permis de considérer la vulnérabilité comme une force au moins le temps d’une lecture, plus si affinités. Au plaisir de lire en commentaire ce que tu as ressenti en le parcourant.

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libres de le partager :)

4 Commentaires

  1. Je ne connaissais pas du tout les 5 drivers ! C’est intéressant comme tout ! J’imagine que celui  »sois parfait » est beaucoup véhiculé à l’école !! Je le comprend comme ça en tout cas ! C’est dommage on n’a pas le nom de la conférence de Brené Brown !

    • Merci pour ton commentaire. Oui c’est clair, que le « sois parfait » est intégré dans l’éducation nationale avec les systèmes de notation, d’encouragements et de félicitations. En même temps, ce n’est pas complètement mauvais, ça apprend l’exigence et le dépassement de soi. Quand c’est subi, comme les 4 autres, ça met une sacrée pression et peut devenir très limitant. Je sais de quoi je parle ! 😉
      La conférence de Brené Brown s’appelle « Appel au courage »

  2. Cet article est vraiment inspirant.
    J’apprécie l’idée que la vulnérabilité ne soit pas considérée comme une faiblesse, mais plutôt comme une preuve de courage.

    • Merci Flore. Oui, je pense qu’il est grand temps qu’on adopte largement cette vision pour un mode plus solidaire et respectueux de chacun.

Laisser un commentaire