Autorité, influence, domination, puissance, pouvoir sont des notions qui m’ont longtemps divisée. Paralysée par ma propre impuissance face aux abus de pouvoir, à la cruauté et aux effets destructeurs des formes les plus extrêmes de l’utilisation du pouvoir, j’ai longtemps préféré renoncer à ma puissance personnelle.

Sauf qu’entre mon parcours entrepreneurial, le travail que je fais sur moi grâce aux rêves et mes activités en présence des chevaux, mon rapport à l’autorité vient d’être fondamentalement remis à jour par une nouvelle compréhension du concept de leadership (direction, position dominante).

J’ai découvert, grâce à un rêve d’éveil et les travaux de Linda Kohanov sur le pouvoir non prédateur, une nouvelle manière de reconnaître et équilibrer en moi, les différentes tendances humaines à influencer les autres afin de prendre et conserver sa place.

Si toi aussi tu aspires à exercer ton pouvoir personnel sans diviser pour mieux régner, sortir des rancunes et des ragots, diriger ta vie sans contraindre ni nuire à quiconque, apprendre à convaincre sans manipuler, rayonner sans faire de l’ombre aux autres, ajuster tes comportements pour que chacun puisse exprimer son potentiel unique et complémentaire, bienvenue.

Je partage avec toi aujourd’hui les caractéristiques de ce modèle de leadership innovant et salutaire pour notre Humanité en rénovation, qui fut pour moi, une révélation.

Pourquoi les chefs ne pourront plus jamais avoir toujours raison ?

Ce n’est pas l’espèce la plus forte ou la plus intelligente qui survit, mais celle qui s’adapte le mieux au changement. C’est ce qu’a démontré le travail de Charles Darwin sur l’évolution des espèces vivantes, au XIXe siècle.

Alors que notre civilisation vit de profondes mutations, en ce début de XXIe siècle, le modèle de leadership hiérarchique basé sur des rapports de type domination/soumission, qui a régné pendant des siècles devient de plus en plus inefficace et inadapté.

Le chef qui règne par la domination
Intimidation, domination, soumission…

Les mentalités évoluent vers davantage de liberté, d’autonomie, de solidarité et d’engagement dans le respect du vivant face à la raréfaction des ressources, au réchauffement climatique, aux évolutions technologiques et sociales, ce qui remet radicalement en question nos manières de vivre, de faire du business, de communiquer et de collaborer.

Une nouvelle ère du partage des responsabilités et du pouvoir est en train d’émerger.

« Apprendre à partager le pouvoir est LE défi du XXIe siècle. »

Linda Kohanov, Pour un leadership socialement intelligent, 2019

De nouveaux chefs peuvent le devenir grâce à leur intelligence émotionnelle et leurs qualités d’écoute, d’entraide et de compassion. Le pouvoir et la collaboration ne sont plus à envisager comme des contraires, mais des forces à rééquilibrer.

Les styles de leadership masculin de type « commande et contrôle, force de volonté, ténacité » tendent à fusionner avec les caractéristiques du leadership au féminin « orienté vers les taches, empathie, volonté de prendre soin des autres, ouverture »

En cette période de transition, force est de constater que sacrifier l’affirmation de soi par crainte de nuire aux relations, utiliser l’intimidation ou la manipulation pour atteindre ses objectifs ne fait qu’accroître les dysfonctionnements, les incompréhensions et le mal-être au sein des entreprises, des écoles, des familles… Et c’est là que les chevaux peuvent entrer en piste.

Vers un partage plus équilibré du pouvoir, inspiré par des proies

Observer les interactions d’animaux de proie pour sortir des tendances prédatrices héritées

À partir de l’observation sur la façon dont le leadership, la dominance et la coopération se coordonnent dans les troupeaux de grands herbivores, Linda Kohanov pionnière mondiale de l’apprentissage facilité par les chevaux, a mis en lumière le concept du pouvoir non prédateur et une méthode de management, basée sur les compétences ancestrales des maîtres bergers.

Elle enseigne comment l’ancien modèle du pouvoir qu’on peut qualifier de prédateur (la loi du plus fort) peut être remplacé par un type d’organisation qui soutient les besoins de l’individu et du groupe simultanément : le pouvoir non prédateur.

Il ne s’agit pas de rompre par principe avec « la tâche sacrée du prédateur », qui consiste à éliminer pour maintenir la vie en équilibre avec les ressources disponibles ou réajuster et transformer par la mort. La nature nous enseigne que ce rôle est essentiel et doit s’incarner à des moments précis, en de multiples facettes : euthanasier un individu quand il s’agit d’un membre du troupeau condamné et souffrant, se séparer d’un process, d’un ou plusieurs postes de travail en cas de réorganisation, quand leur maintien compromet l’avenir de l’organisation.

Mais l’abus délibéré de ce type de pouvoir carnivore est le plus dangereux et destructeur pour la survie de l’espèce, l’évolution mentale, émotionnelle et sociale de civilisations entières : dictatures, organisations terroristes, stratégies commerciales prédatrices…

Dans Comme les chevaux, ensemble et puissant, Linda Kohanov nous fait découvrir comment le pouvoir non prédateur, incarné par les chevaux et d’autres grands herbivores extrêmement sociaux, peut nous servir d’exemple. Grâce à l’observation de leur mode d’organisation et de communication, nous pouvons apprendre à travers nos interactions avec eux, à identifier les jeux de pouvoirs et habitudes de réagir qui nous limitent dans nos relations.

La médiation équine utilise la faculté innée des chevaux à scanner et réagir à ce qui se passe à chaque instant. C’est elle qui nous guide au fil des séances à reconnaître et transformer ce qui se joue dans l’instant présent pour retrouver notre entièreté, notre congruence (capacité à accorder nos ressentis, émotions, pensées et actions) et prendre ainsi soin de notre connexion avec nous-mêmes et les autres.

Caractéristiques des pouvoirs prédateur et non prédateur 

Comportements non prédateursComportements prédateurs
Subvient aux besoins de l’individu et du groupe simultanémentSe nourrit aux dépens des autres et/ou du collectif
Attribue plus de valeur à la relation qu’au territoireAttribue plus de valeur au territoire qu’à la relation avec les autres
Le processus est plus important que l’objectif (la fin ne justifie pas les moyens)L’objectif est plus important que le processus (la fin justifie les moyens)
S’affirme fermement pour imposer et faire respecter ses limites sans autoritarisme : préfère migrer que de lutter pour des ressources limitéesFait preuve d’agressivité dans la conquête de territoire et l’acquisition de ressources
Se bat pour se protéger et protéger les autres, préfère éloigner ses compagnons pour éviter les problèmesAttaque pour se protéger, protéger les autres et tirer profit des situations
Arrête de se battre dès que l’adversaire reculeForte pulsion de lutte jusqu’à la mort
Une orientation d’aide mutuelle et de sécurité collective : vivre et laisser vivreUne orientation de la loi du plus fort : tuer ou être tué
Protège les plus faiblesÉlimine les plus faibles
Les individus vulnérables peuvent s’appuyer sur les autresDoit cacher sa vulnérabilité à tout prix
Dirige par son expérience, sa capacité à calmer et aider les autres à se concentrer en période de criseRègne en créant intentionnellement un climat de peur, intimidation
Le leader et le Dominant sont souvent 2 individus différentsLeadership = dominance
Garde son énergie pour les urgencesJoue sur la peur, l’intensifie délibérément
Met l’accent sur la coopérationMet l’accent sur la compétition

Vers un leadership socialement intelligent : les 5 rôles du maître berger

« Bien utiliser le pouvoir n’est pas une “compétence douce”. Il faut une intégration sophistiquée du leadership et de l’intelligence sociale pour canaliser des forces potentiellement explosives et les transformer en une source d’énergie ciblée et bienveillante. »

Linda Kohanov, Pour un leadership socialement intelligent, 2019

Dans son livre Pour un leadership socialement intelligent, les cinq rôles d’un maître berger Linda Kohanov ressuscite une forme de leadership issue de la culture pastorale nomade, qui combine cinq rôles aux compétences spécifiques :

  • Le Dominant : diriger et protéger ;
  • Le Leader : découvrir et inspirer ;
  • Le Compagnon-nourissant : soutenir et connecter ;
  • La Sentinelle : observer et alerter ;
  • Le Prédateur : éliminer et équilibrer.

Chaque rôle est présenté avec ses caractéristiques instinctives, ses qualités et ses défis à relever. Aucun n’est meilleur ou complètement inutile. Bien que le rôle du prédateur doit être moins souvent utilisé, plutôt comme dernier recours, après avoir interagi crescendo en utilisant les autres rôles.

À la lecture de cet ouvrage, on comprend que sur investir ou rejeter un de ces 5 rôles mène à énormément de dérives, que ce soit en politique, en entreprise, à l’école ou en famille. Le livre comporte un questionnaire d’évaluation professionnelle des compétences qui met en évidence les rôles que l’on surestime, ceux que l’on évite, et ceux qui sont bien équilibrés actuellement.

Grâce à ce test, nous identifions les situations où nous utilisons les forces de certains rôles et quand nous tombons dans leurs comportements dysfonctionnels. Il donne aussi l’opportunité de prendre conscience de la façon dont nos groupes ou organisations peuvent souffrir de notre tendance à éviter certains rôles particuliers. Enfin, il met en évidence le chemin pour rééquilibrer toutes ces compétences afin d’intégrer une approche mature et mutuellement responsable du pouvoir.

De ma vision biaisée vers ma réconciliation avec le pouvoir

Grandir à l’écart des jeux de rôle, me taire et m’intérioriser plutôt qu’alimenter des débats houleux sans issue, mettre de côté mes ambitions afin de rester intègre, observer pour tenter de comprendre l’insensibilité et l’égocentrisme, apprendre à rester en relation plutôt qu’avoir raison, me lier d’amitié avec d’autres êtres hyper sensibles qui vivent et s’adaptent depuis des milliers d’années, à leur nature de proie fut mon quotidien pendant des décennies.

Récemment un rêve d’éveil puis un livre m’ont permis d’entreprendre un virage décisif vers ma puissance personnelle, trop longtemps mise en sourdine.

Plus jamais, je ne pourrai participer, par mes silences et habitudes d’évitements des conflits, au maintien des modèles de leadership hiérarchique basés sur la domination et la soumission des individus.

Ni m’empêcher de continuer à partager mes expériences et réflexions sur les modèles de pouvoir dégénératifs qui encadrent encore malgré nous, nos sociétés et nos relations.

Les séances en présence des chevaux et les cercles de rêves que j’organise, ont pour vocation de faire connaître, vivre, se développer la médecine du lien ; ces liens qui nous guérissent et nous soutiennent mutuellement quand nous laissons nos cœurs nous redéfinir dans la magie de l’instant présent.

Mon impérieux besoin de changement m’a guidé sur ce chemin de réconciliation et de réinvestissement de ma puissance personnelle. Je n’en connais pas la destination, mais une chose est sûre : sur ce chemin, les rêves et les chevaux, me guident chaque jour vers plus de lucidité, de force et d’authenticité.

J’espère que cet article t’aura donné envie, à toi aussi d’en apprendre davantage sur ce modèle de pouvoir non prédateur et co créateur. Je pense sincèrement que notre évolution en tant qu’espèce dépend des grands rêves auxquels on contribue et de nos façons de prendre ou délaisser notre pouvoir. Et toi, qu’en penses-tu ?

Pour aller plus loin sur ce sujet et soutenir le blog par la même occasion, voici les deux livres que j’ai mentionné dans l’article, que je recommande vivement :

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