C’est grâce à la recherche sur les animaux que les mécanismes du sommeil paradoxal et leurs liens avec les rêves ont été découverts. Dès les années 60, les scientifiques ont comparé le comportement et les enregistrements des ondes cérébrales des animaux et avec celles des humains endormis pour tenter de répondre à la question : à quel moment de l’évolution le rêve est-il apparu ? Ce qui a permis d’en apprendre davantage sur le sommeil et les rêves des animaux.

Les rêves et le sommeil paradoxal

Des études menées sur des animaux tels que les rats, les chats et les chiens ont démontré des signes d’activité cérébrale similaire à celle observée chez les humains pendant la phase de sommeil paradoxal, qui est la phase du sommeil associée aux rêves chez les humains. Pendant cette phase, on peut observer chez presque tous les mammifères, des mouvements oculaires rapides (MOR) et une absence de tonus musculaire, ce qui suggère qu’ils sont en train de rêver. Les chercheurs ont également observé des réactions émotionnelles chez les animaux pendant le sommeil paradoxal, ce qui laisse penser qu’ils vivent des expériences émotionnelles dans leur sommeil, similaires à celles que nous associons aux rêves. Si tu as un chien ou un chat, tu dois sans doute avoir déjà observé ses pattes ou ses babines bouger pendant qu’il dort.

Les mammifères connaissent tous des phases de sommeil paradoxal et semblent donc rêver comme nous. Mais quand est-il des autres animaux ?

Les différents animaux et le sommeil paradoxal

Comme le décrit le Dr Patrick Lemoine, dans son livre Rêves, transes et autres états modifiés de conscience, il n’est pas facile de tenter d’étudier les rêves des animaux quand la méthode principale consiste à placer des électrodes sur le crâne… et que certains des individus étudiés ont neuf cerveaux (le poulpe) et d’autres aucun (la moule) ! Il a donc été, à priori, plus simple, de considérer qu’il n’existait pas de sommeil paradoxal, donc de rêve chez les invertébrés : poissons, amphibiens et reptiles.

Une exception pourrait concerner les crocodiles et les requins blancs qui parviennent à réguler leur température. Mais aucun chercheur n’a été assez courageux pour tenter d’aller poser des électrodes sur ce genre de cerveaux endormis.

En revanche, il a été prouvé que tous les oiseaux et mammifères connaissent des phases de sommeil paradoxal à l’exception des échidnés et ornithorynques : ce sont les seuls mammifères qui pondent des œufs et peuvent être considérés comme un stade intermédiaire entre les reptiles et mammifères.

Il a été observé chez cette curieuse espèce, qui n’arrive pas à hisser sa température corporelle à plus de 33 °C, certains signes de sommeil paradoxal : monuments oculaires rapides et inhibition de la motricité.

« Tout se passe donc comme si l’apparition de l’échidné correspondait au moment de l’évolution où le sommeil paradoxal connut ses premiers balbutiements. Le sommeil de l’échidné pourrait être la forme primitive à partir de laquelle des deux formes de sommeil ont évolué, chez les mammifères et les oiseaux. »

Patrick Lemoine, dans son livre Rêves, transes et autres états modifiés de conscience

On peut conclure que tous les animaux ne dorment pas de la même manière, et que la question de savoir si les animaux rêvent comme les humains est encore un sujet de recherche en cours. Il semblerait néanmoins que les animaux à sang-froid ne rêvent pas contrairement aux animaux à sang chaud, dont nous faisons partie.

Durée de sommeil paradoxal chez les animaux

La quantité de sommeil varie en fonction des différentes espèces d’animaux. La vache ne rêve que 25 minutes par nuit tandis que le champion du monde, le tatou géant passe 6 h en sommeil paradoxal sur ses 18 h de repos journalier.

Nous nous situons entre la taupe et le porc avec une moyenne de 2 heures de temps de rêverie par nuit. Même ceux qui disent ne jamais rêver ! C’est faux, tous les humains rêvent, mais beaucoup ne s’en souviennent pas.

Pendant longtemps, les scientifiques pensaient que la durée de sommeil paradoxal était liée à l’intelligence. Mais des exemples comme celui du chat ont démontré que cette hypothèse n’expliquait pas la logique derrière les écarts entre les espèces. Le QI du chat, évalué comme moins important que celui du chimpanzé, du dauphin ou de l’éléphant, lui permet d’atteindre la 4e place du classement réalisé par Mehdi Tafti.

La sécurité comme condition essentielle au rêve 

Un autre paramètre semble mieux expliquer les différences de durée de sommeil paradoxal chez les animaux : l’index de sécurité. En état de sommeil paradoxal, nous nous retrouvons paralysés, aveugles et sourds, donc très vulnérables aux potentiels prédateurs. Donc pour avoir le luxe de rêver paisiblement, il faut soit :

  • être un prédateur puissant comme un fauve, un ours ou un éléphant ;
  • pouvoir dormir dans un lieu sécurisé, perché ou tapi dans une cachette comme les chats ou les rongeurs,
  • développer des stratégies d’aménagement ou de défense collective efficaces et solides comme les humains et les singes.

Des exceptions à en faire dormir debout les scientifiques

Certaines espèces contredisent néanmoins ces théories :

  • les paresseux, qui dorment 17 h/24 et ne rêvent que 72 minutes par nuit ;
  • l’éléphant qui fait partie des espèces les plus intelligentes et puissantes, ne dort jamais plus de 2 heures quand il vit en liberté, 4 en captivité, mais de manière fragmentée et ne s’allonge que rarement (une nuit sur 3 en moyenne) ; cet animal à la fois fort et subtil ne rêverait qu’une quarantaine de minutes par nuit ;
  • les dauphins, considérés aussi parmi les espèces animales les plus intelligentes doivent composer avec une autre caractéristique qui les empêchent de passer de longues heures en sommeil paradoxal : ils doivent remonter régulièrement à la surface pour respirer. Pour éviter qu’ils s’asphyxient dans leur sommeil, la nature a encore fait preuve d’ingéniosité : les dauphins, comme probablement la plupart des mammifères marins, ne dormiraient qu’à moitié ; un hémisphère cérébral se repose tandis que l’autre contrôle la respiration.

Ingénieux, tu ne trouves pas ? As-tu pu observer des animaux rêver ? À ton avis, de quoi ils rêvent ?

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